Michel Saint-Denis et la création de l’INSAS par Raymond Ravar

Raymond Ravar

Raymond Ranvar est le fondateur de l’Institut National Supérieur des Arts du spectacle de Bruxelles, en 1959, avec pour ambition de délivrer un enseignement professionnel de haut niveau pour former les artistes et les artisans du cinéma, de la télévision, et du théâtre. Il en sera le directeur pendant 28 ans.

 

 


Dans les années 60-61, je me suis intéressé à l’organisation de la formation en Grande Bretagne et un nom, celui de Michel Saint-Denis m’était partout cité : Rada – Royal Academy for Dramatic Art, Lamda – London academy for D.A., London Scool for Speech and Drama.
Il avait développé les concepts de ces Ecoles ou, à tout le moins, inspiré leurs pédagogies. Puis j’ai découvert que lors de la création du Centre Dramatique de l’Est à Strasbourg, en fin des années 40 ou peu après, par la directrice de Théâtre, Jeanne Laurent, Michel Saint-Denis en avait assumé la direction initiale, puis, qu’il s’était particulièrement concentré sur la création et le développement de l’Ecole attenant au théâtre.
Je me suis déterminé en 60-61 à chercher sa piste tout en visitant le C.D.E. de Strasbourg de Hubert Gignoux et Pierre Lefèvre. Une merveille pour moi à l’époque et le sentiment très clair qu’il s’agissait du concept de formation des acteurs auquel nous étions quelques-uns à aspirer. Nous sommes, Insas/ Théatre et l’Ecole du CDE/TNS restés très proches plusieurs dizaines d’années.
J’ai finalement trouvé Michel Saint-Denis, il a accepté de me recevoir et je lui ai rendu visite dans sa petite maison en bord de Marne – ou de Seine – proche de Paris.
J’ai reçu un accueil charmant mais réservé quant à une collaboration de Michel à ce qui allait devenir l’Insas. Pour ma part, à mesure que nous progressions dans l’échange de vues j’étais de plus en plus convaincu qu’une forme de collaboration initiale serait exceptionnellement riche pour le développement des concepts de base – radicalement différents de ceux des Conservatoires francophone belges – qui devaient présider à la création de la pédagogie de formation des acteurs. Michel a accepté l’invitation de venir à Bruxelles. Il a rencontré la Ministre de l’époque et son Chef de Cabinet.
Les choses paraissaient pouvoir se faire : nous étions en 62. J’ai été nommé à la direction en août et l’Insas a ouvert ses portes le 15 octobre.
Lorsqu’il s’est agit de « finaliser », comme l’on dit, j’avais obtenu de Michel qu’il se laisse désigner à une charge afin que nous lancions ensemble la machine de formation des acteurs.
Las, la dure réalité du niveau de rétribution et le caractère quasiment offensant de l’offre faite à Michel a engagé de sa part une réserve totale qui devait se muer en un refus – devenu affectueux à mon égard – mais radical à l’endroit de « l’institution ». Je n’ai finalement pas réussi à le persuader de « patienter », le temps pour moi de gagner quelqu’expérience de gestion, afin de faire mieux et plus vite face à ce type d’obstacles…
La collaboration avec L’Ecole du CDE/TNS ne s’est jamais démentie à commencer par celle de Pierre Lefèvre, puis Gaston Jung et de nombreux autres collègues tout au long, pour moi, de 28 années.

Mai 2006.